CINE-Débat le 14 novembre au Concorde "De l’eau jaillit le feu" en présence du réalisateur

De l’eau jaillit le feu présente la lutte du collectif Bassines Non Merci pour préserver le Marais poitevin, un écosystème unique constituant la deuxième plus grande zone humide française après la Camargue. Le Marais poitevin subit un accaparement croissant de ses eaux souterraines par les maïsiculteurs ; ces derniers construisant toujours plus de méga-bassines remplies en hiver avec les eaux souterraines pour pouvoir irriguer en été.

Mais pour comprendre pourquoi la lutte contre les méga-bassines dans le Marais poitevin a pris récemment une telle ampleur au niveau national, il faut rappeler quelques décisions politiques controversées concernant l’irrigation agricole et la gestion calamiteuse des épisodes de sécheresse de ces deux dernières années.

Conséquence du changement climatique, les épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents et intenses diminuent le rendement de certaines cultures. Après un intense lobbying lors des Assises de l’eau (2019) et surtout lors du Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique (2022), la FNSEA a obtenu des pouvoirs publics le développement de retenues de substitution sur tout le territoire afin d’augmenter les surfaces agricoles irriguées.

Les retenues de substitution (bassines, barrages-réservoirs, retenues collinaires) ont été présentées lors du Varenne comme le moyen le plus efficace d’accroître la résilience des systèmes agricoles tout en préservant les ressources en eau et les milieux aquatiques. Or, il n’en est rien comme le collectif Bassines Non Merci le constate chaque année dans le Marais poitevin. Le remplissage des retenues en hiver limite la recharge des nappes et l’infiltration de l’eau dans le sol, ce qui augmente le risque de sécheresse estivale avec des cours d’eau dont le débit minimum biologique n’est plus assuré.

Cette année, les porteurs de projets de retenues de substitution subventionnées par la région, le département, l’agence de l’eau et l’union européenne sont même confrontés à une situation inédite : le manque d’eau pour effectuer le remplissage hivernal des retenues à cause de la faiblesse des précipitations de ces derniers mois.

En réalité, le véritable objectif du développement des retenues de substitution est le maintien coûte que coûte d’un modèle agricole exigeant toujours plus d’eau et d’intrants et qui désormais ne profite qu’à une minorité d’agriculteurs, et cela dans un contexte de changement climatique et de raréfaction de la ressource en eau. Ceux, des membres de la Confédération paysanne aux simples citoyens, qui se sont mobilisés contre les projets de méga-bassines dans le Marais poitevin, l’ont bien compris.